Comprendre l’affaire Mckinsey en 5 minutes/ Understanding the McKinsey scandal in 5 minutes (EN/FR)
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Le rapport du Sénat
La polémique McKinsey prend de l’ampleur dans cette campagne présidentielle, au détriment du candidat Emmanuel Macron. A quelques jours du premier tour, l’opposition dénonce un scandale d'État.
Le 17 mars 2022, la commission d’enquête du Sénat publie un rapport sur le recours par l’État aux cabinets de conseil. On y découvre le rôle majeur de ces cabinets privés durant le quinquennat d’Emmanuel Macron. Le rapport du Sénat parle même de « phénomène tentaculaire ». Le recours aux cabinets de conseil n’a pas débuté sous le mandat de Macron, mais ces cinq dernières années, « les cabinets de conseil sont intervenus sur la plupart des grandes réformes du quinquennat », constate le rapport. L'enquête avance le chiffre de 1,5 milliard d’euros au minimum versés en 2020 à ces cabinets de conseil privés. Le cabinet américain McKinsey, implanté en France via deux bureaux (Lyon et Paris), est le plus impliqué dans les missions auprès de l’Etat en 2020.
Problème : une commission d'enquête du Sénat a ensuite révélé que le cabinet McKinsey ne paie pas l'impôt sur les sociétés. Pourtant, Karim Tadjeddine, directeur associé et responsable du secteur public de McKinsey en France, interrogé sous serment au sénat le 18 janvier 2022, avait juré durant son audition : “Je le dis nettement, nous payons nos impôts en France”. Le cabinet assure avoir payé plus de 422 millions d’euros d’impôts et de charges sociales entre 2011 et 2021. Après vérification au ministère des Finances à Bercy, cette audition s’est avérée être un faux témoignage : la filiale française de McKinsey n’a payé aucun impôt sur les sociétés depuis dix ans. Pourtant, le chiffre d’affaires du cabinet en France s’élève à 329 millions d’euros en 2020”. C’est l’affaire dans l’affaire.
Que répond Emmanuel Macron ?
Le président-candidat Emmanuel Macron s’est exprimé en allant dans le sens du rapport de la commission : « s’il y a eu manipulation, que ça aille au pénal », a-t-il exprimé dimanche 27 mars sur France 3. « On a l’impression qu’il y a des combines, c’est faux. Aucun contrat n’est passé dans la République sans qu’il respecte la règle des marchés publics. »
Le recours aux cabinets privés de conseil, un débat ?
La fraude fiscale du cabinet McKinsey est condamnable d’un point de vue légal. D’autre part, le rapport vient nourrir une défiance et un rejet de l’assistance du privé au public, déjà très ancrés dans la culture française. Cependant, le recours à des cabinets privés a un rôle important dans le fonctionnement de l’appareil public.
De façon fréquente, des projets d’Etat nécessitent d’être gérés en urgence, à l’image de la campagne vaccinale. Le besoin est temporaire. Vouloir recruter des fonctionnaires sur le long terme qui ne seraient impliqués que temporairement serait alors entièrement absurde, voire même une erreur de gestion. Les cabinets privés offrent la possibilité d’un accès ponctuel à des ressources spécifiques pour être conseillé sur un projet.
Condamner la fraude fiscale est sans débat mais la question du recours au privé pour gérer des projets publics reste ouverte et se justifie principalement par un argument de bon sens de gestion.
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The Senate report
The McKinsey controversy is gaining momentum in this presidential campaign, to the detriment of candidate Emmanuel Macron. A few days before the first round, the opposition denounces a state scandal.
On March 17, 2022, the Senate's commission of inquiry published a report on the use of consulting firms services by the State. It reveals the major role played by these private firms during Emmanuel Macron's five-year term. The Senate report even speaks of a "tentacular phenomenon". The use of consulting firms did not begin under Macron's mandate, but over the past five years, "consulting firms have been involved in most of the major reforms of the quinquennium," the report notes. The survey puts forward the figure of at least 1.5 billion euros paid in 2020 to these private consulting firms. The American firm McKinsey, which has two offices in France (Lyon and Paris), is the most involved in missions in collaboration with the French State in 2020.
The problem is that a Senate commission of inquiry subsequently revealed that McKinsey does not pay corporate income tax. However, Karim Tadjeddine, associate director and head of McKinsey's public sector in France, questioned under oath in the Senate on January 18, 2022, had sworn during his hearing: "I say it clearly, we pay our taxes in France". The firm claims to have paid more than 422 million euros in taxes and social charges between 2011 and 2021. After verification at the Ministry of Finance in Bercy, this claim turned out to be a false testimony: McKinsey's French subsidiary has not paid any corporate taxes for ten years. Yet, the firm's turnover in France amounted to 329 million euros in 2020".
What does Emmanuel Macron answer?
The president-candidate Emmanuel Macron spoke in the direction of the commission's report: "if there was manipulation, that it goes to criminal," he expressed Sunday, March 27 on France 3. "We have the impression that there are schemes, it is false. No contract is passed in the Republic without it respecting the rule of public procurement."
The use of private consulting firms, a debate?
The tax fraud of the McKinsey firm is condemnable from a legal point of view. This report feeds the mistrust and the rejection of the assistance of the private sector to the public sector, which is deeply rooted in French culture. However, the use of private firms has an important role in the functioning of the public apparatus.
State projects often need to be managed on an emergency basis, as in the case of the vaccination campaign. The need is temporary. It is therefore absurd to recruit long-term civil servants who are only temporarily involved, and it is even a management error. Private practice offers the possibility of ad hoc access to specific resources to advise on a project.
Condemning tax evasion is not debatable, but the question of using private firms to manage public projects remains open and is justified mainly by an argument of good management sense.