Interview : qu’est-ce que l’ECM ?
SSEC Transaction est parti à la rencontre d’un analyste en Equity Capital Markets. Bonne lecture !
Quel est ton background ?
Prépa ECS à Labruyère, Versailles, suite à un BAC S, spé Maths. Ecole de Commerce à Audencia.
Plusieurs stages : BNP Paribas en CDG, Oddo AM en Gestion d’Actifs, BNP Paribas en Coverage CIB, Liberty Wealth Management en Wealth Management (à Washington DC !) et donc enfin BNP Paribas en ECM (fin d’étude).
Qu’est-ce que l’ECM ? Quels sont les grands acteurs ?
L’ECM – Equity Capital Markets – est, comme on a l’habitude de l’entendre, un métier du Corporate Finance entre la finance de marché et la finance d’entreprise.
L’ECM gère les besoins de financement de haut de bilan (fonds propres) des entreprises cotées ou alors leur introduction en bourse pour les entreprises non cotées (IPO).
L’ECM gère donc 4 grands types de produits :
IPO pour les corporates non côtés (produit star de l’ECM)
Obligations Convertibles / Echangeables (qui peuvent aboutir à une création d’actions nouvelles et donc avoir un impact sur les fonds propres)
Augmentations de capital avec maintien du droit préférentiel de souscription des actionnaires (ou Rights Issues), le plus souvent destinées à des restructurations ou des financements d’acquisitions
Placement accéléré d’un bloc d’actions (Accelerated Bookbuilding ou ABB pour les initiés). Ceux-ci peuvent être primaires (ie, augmentation de capital via création d’actions nouvelles) dans les limites autorisées par les résolutions votées en AG extraordinaire de l’émetteur (augmentation de capital à des nouveaux investisseurs, donc sans droits pour les existants); ou secondaires (ie, vente d’actions par un actionnaire existant)
L’ECM est donc au contact des directions financières des entreprises (Trésorier, Investor Relationship, CFO) voire de la direction générale (CEO), mais aussi des investisseurs qui sont au cœur du succès d’une entreprise ECM.
Dans le cadre d’une IPO par exemple, l’opération fait intervenir 1/ l’entreprise et son management, 2/ le vendeur de titres (souvent des fonds de Private Equity qui désirent monétiser leur investissement initial) et 3/ les investisseurs qui vont acheter ces titres.
2 équipes ECM en général :
Origination qui pitche les clients et gère les exécutions des deals
Syndication qui gère le placement des opérations sur le marché et le contact avec les investisseurs
L’ECM travaille donc aussi avec d’autres métiers de la banque, en particulier le M&A sur les thématiques de valorisation et d’equity story, mais aussi les métiers de la dette, mais surtout le Coverage qui doit aussi identifier en amont les besoins du client et gérer la coordination entre les métiers.
A quoi ressemble une journée type ?
Les journées sont très variables en termes d’intensité et intimement liées à l’état même du marché.
Les activités d’un analyste sont coupées entre le marketing (les pitchs powerpoint qui vendent les produits adaptés au besoin identifié du client) et les exécutions des mandats. Les pitchs sont la base afin d’obtenir des mandats.
Côté stagiaires, ils sont surtout amenés à :
Produire un point de marché quotidien sur la journée boursière du jour
Produire des points de marché d’une manière régulière sur les 4 grands produits
Participer à la production des slides qui sont utilisées dans les pitchs
Les meilleurs stagiaires sont aussi intégrés à l’exécutions tels des « analystes en puissance » afin de vraiment connaitre le métier
Le stagiaire est donc un relais du junior et une aide. Ils participent parfois directement avec les Seniors sur certaines requêtes.
Les horaires sont variables d’une banque à l’autre mais en général demeurent moins importants qu’en M&A. Un junior peut régulièrement finir avant 21h si l’activité n’est pas très intense, voire même plus tôt, et connaitre certains pics lors des grosses périodes d’activités. De facto, les horaires des stagiaires sont répercutés de la même manière, sachant que beaucoup d’institutions désormais imposent un horaire limite de présence afin de limiter les potentiels abus.
A quoi ressemble un entretien en ECM ?
Les candidats sont principalement attendus sur leurs connaissances du marché ECM et les émissions qui les ont intéressés (IPO surtout, étant plus médiatiques) et savoir en parler brièvement.
La motivation est naturellement testée via le niveau de questions que pose le candidat.
Ce ne sont pas vraiment des entretiens techniques (on ne va pas demander à quelles conditions est convertie une CB par exemple) mais plus de fit et de curiosité intellectuelle.
Quels sont les principaux débouchés ?
L’ECM est assez spécialisé et ne permet pas à priori de se recycler comme ça dans les autres métiers de la banque d’affaires (M&A, Private Equity) car les travaux de valorisation et d’equity story sont directement gérés par le M&A lorsque l’ECM en a besoin.
En revanche, l’ECM permet de travailler au sein des départements de direction financière des corporates ou alors de faire un tour du côté des métiers de la finance de marché, voire du coverage.
Quel parcours conseilles-tu à quelqu’un voulant travailler en ECM ?
Ecole de commerce privilégié. L’ECM demeure un métier très commercial et marketing et les profils les plus commerciaux ont tendance à être plus percutants devant un client (au niveau senior). Néanmoins, forte présence d’anciens d’école d’ingénieurs aussi, du fait de la technicité de certains produits.