ESSEC Transaction a interviewé pour vous un professionnel du shipping finance. Bonne lecture
Bonjour et merci d’avoir accepté cette interview ! Peux-tu nous rappeler ton parcours ?
Bonjour, diplômé depuis 2011 du Master 225 Economie Ingénierie Financière & Finance d’Entreprise de l’Université Paris-Dauphine, j’ai pu intégrer BNP Paribas lors de mon stage de fin d’études dans le domaine des financements structurés (financements export et de projets). J’ai par la suite eu l’opportunité de faire un VIE d’un an et demi à New York en Export Finance. Aujourd’hui, je suis Associate depuis 2 ans au sein de l’équipe Shipping & Offshore Finance à Paris.
Le shipping finance, c’est quoi ? Qui sont les grands acteurs français et mondiaux ?
Le financement maritime (Shipping Finance) consiste à mettre en place des financements (prêts hypothécaires) de navires neufs ou de seconde main auprès d’armateurs qui interviennent dans le transport de marchandises et/ou de passagers. Ce type de financement d’actifs concerne également la mise en place de financement de plates-formes pour l’industrie pétrolière (Offshore Finance).
Il existe une très grande diversité de navires de transport de marchandises, parmi lesquelles :
Les porte-conteneurs, acteurs essentiels de la mondialisation, qui transportent des marchandises par « boite » ;
Les vraquiers (bulk carriers) qui transportent des matières solides en vrac (minerai, sable, produits agricoles) ;
Les pétroliers qui transportent des produits pétroliers bruts ou raffinés ;
Les gaziers (ou méthaniers) qui transportent du gaz liquéfié ;
Les rouliers (« ro-ro » ships) qui transportent notamment des véhicules.
Le transport de passagers concerne quant à lui, les paquebots de croisières ainsi que les ferries.
Le transport maritime mondial est caractérisé par un très grand nombre d’acteurs (souvent familiaux) pouvant opérer sur plusieurs segments. Avec une tradition maritime ancienne et très forte, la Grèce possède la plus grande flotte mondiale en termes de capacité (devant le Japon et la Chine).
Dans le secteur du transport de marchandises par containeurs, le français CMA-CGM est le troisième acteur mondial après le numéro un mondial danois Maersk et l’italo-suisse MSC.
Concrètement, quelles sont les principales missions et les horaires ?
L’objectif principal est un rôle de prospection commerciale, qui consiste à mettre en place des financements (mais aussi refinancements) adossés à des actifs maritimes auprès d’armateurs. Une fois un mandat de financement obtenu auprès du Client, nous soumettons un dossier de financement (où nous présentons l’analyse complète de la transaction) au Comité de Crédit de la Banque, qui statue sur la réalisation ou non de la transaction en question avec le Client. Une fois l’accord obtenu, il convient de finaliser la documentation juridique qui régit toute constitution d’un prêt.
Notre travail quotidien consiste également à gérer notre portefeuille de transactions existantes dans le cadre de revues annuelles, d’amendements divers au contrat de prêt initial ou le suivi de clients douteux…
Il faut savoir « jongler » sur plusieurs dossiers rapidement au sein d’une même journée, mais cela ne nécessite pas de faire des horaires de M&A !
A quoi ressemble un entretien en shipping finance ? Quelles qualités ou compétences cherche-t-on avant tout ?
Nous procédons généralement en deux temps : un premier entretien de présentation et motivation, puis (sous réserve de validation du premier entretient) un second entretien qui consiste à la préparation puis discussion d’un cas d’analyse financière.
En termes de compétences, nous aimons à privilégier des candidats ayant déjà une base d’analyse financière acquise durant leurs études et/ou première expérience professionnelle. Au-delà de l’aspect technique et comme dans beaucoup d’autres secteurs, nous recherchons avant tout des candidats sérieux, curieux et réactifs avec une certaine ouverture d’esprit. Il n’est bien évidemment pas requis d’être un expert du transport maritime pour postuler, la connaissance du marché s’apprenant tous les jours.
A quoi ressemble une carrière en shipping finance ? Quels sont les débouchés dans ce secteur ?
Comme dans les métiers de financements structurés de la banque l’objectif à moyen-terme de devenir chargé d’affaires en financements (relationship manager). Cela passe au préalable par une phase d’analyse crédit et nécessite d’avoir acquis suffisamment de connaissances sur le secteur pour pouvoir évoluer à ce rang.
Il y a également la possibilité de passer « côté industrie » (chez le Client), en évoluant au sein de la direction financière du Groupe et collaborer avec les différents partenaires financiers de ce dernier.
Quel parcours conseilles-tu à quelqu’un souhaitant travailler dans ce secteur ?
Il n’y a pas vraiment de parcours type. Toutefois, un master spécialisation finance dans les meilleures écoles de commerce et universités est tout particulièrement recherché.
Le mot de la fin : qu’est-ce qui te plait dans ton métier ?
Au-delà de l’aspect financier, j’aime particulièrement l’idée de contribuer au financement de l’économie réelle. Aussi, je trouve que le secteur du transport maritime dans son ensemble est intéressant à analyser puisqu’il illustre bien la mondialisation et tous les effets macroéconomiques qui peuvent survenir et y être liés (notamment en cas de ralentissement de la croissance mondiale, de surcapacité sur le marché…).
Merci d’avoir répondu ! Bon courage pour la suite.